Actualités Analyse des marchés financiers - Septembre 2022
2022 est décidément une « Annus Horribilis », pour reprendre la célèbre expression de la Reine d’Angleterre, décédée le 8 septembre dernier. Et le mois de septembre ne fait que confirmer cette impression de krach boursier que nous vivons depuis le début de l’année.
Sur le plan politique, le Royaume-Uni a largement préoccupé les marchés financiers sur ce mois de septembre. En effet, ce n’est pas l’accession au trône du Roi Charles III qui a retenu l’attention des intervenants, mais plutôt le remplacement de Boris Johnson par Liz Truss. Cette dernière, afin de contenir l’inflation des prix de l’énergie, a annoncé un plan de mesures fiscales combinant à la fois un prix plafond sur l’énergie et des baisses d’impôts massives, notamment pour les plus riches contribuables, s’élevant au total à 150 milliards de livres sterling financés par la dette. Ainsi, de manière simultanée, les marchés financiers ont défié la nouvelle Première Ministre, précipitant la Livre à un plus bas historique contre le dollar et envoyant le rendement de l’emprunt à 30 ans aux alentours des 5% annuels, forçant la Banque d’Angleterre à remettre au goût du jour les achats d’obligations pour éteindre l’incendie.
Ailleurs en Europe, les Italiens ont décidé de confier leur avenir à la coalition des droites extrêmes emmenée par Georgia Meloni, dirigeante du parti postfasciste Fratelli d’Italia. Alors qu’on pouvait redouter un test grandeur nature des nouvelles mesures anti-fragmentation élaborée par la Banque centrale européenne, cette dernière n’a pas eu besoin de les mettre en œuvre pour le moment, les marchés financiers n’ayant pas franchi le Rubicon que constituent les 250 points de base d’écart entre les taux à 10 ans italien et allemand.
Sur le plan macro-économique, ce sont toujours les publications analysées par le prisme de l’inflation constatée et future qui font et défont les marchés. Ainsi, alors que l’inflation publiée aux Etats-Unis était en baisse pour le deuxième mois consécutif, l’inflation cœur, c’est-à-dire l’inflation hors éléments volatils comme l’énergie ou l’alimentation, a de nouveau progressé. Cette hausse a été interprétée comme le signal de la transmission de l’inflation aux salaires ce qui a conduit les opérateurs à mettre à jour leurs prévisions sur les taux d’intérêt. En conséquence, alors que les marchés obligataires s’accordaient sur un taux terminal autour de 4%, ils anticipent désormais que la Réserve fédérale américaine pourrait monter son taux directeur jusqu’à 4,75%. En Europe, l’inflation publiée est quant à elle toujours en hausse d’un mois sur l’autre et a même franchi la barre des 10% en septembre, ce qui devrait contraindre la Banque centrale européenne à poursuivre son cycle de hausse des taux plus longtemps qu’espéré.
Sans surprise donc, les marchés financiers ont connu un mois de septembre exécrable. Du côté obligataire, les indices n’en finissent pas de dévisser, effaçant au passage des années de performance. Ainsi, les emprunts européens de catégorie investissement perdent 3,7% tandis que leurs équivalents américains baissent de plus de 4,3%. Depuis le début de l’année, les baisses sont de l’ordre de 15% en moyenne.
Sur le front des actions, c’est la bérézina. Si l’Eurostoxx 50 et le CAC 40 affichent des baisses inférieures à 6%, les indices américains s’effondrent de plus de 9% pour le S&P 500 et même de 10,5% pour le Nasdaq composite, tandis que les marchés émergents plongent de près de 12% en dollar.
Analyse rédigée le 04/10/2022 par Pierre Bismuth, Directeur Général et Responsable des Gestions chez Myria Asset Management.