Actualités Choix d’investissements : quelles précautions prendre après 65 ans ?


Tribune de Valérie Bentz, Responsable des études patrimoniales à l’UFF pour MVVA

 

La bonne gestion d’un patrimoine implique de considérer différents paramètres : Quels sont les objectifs recherchés et à quel horizon ? Quelle est ma situation patrimoniale à date et à venir ? Quelles sont la nature et la durée conseillée des investissements existants ? etc.


À la retraite, d’autres questions s’ajoutent : Comment je souhaite vivre ma retraite ? Quelles sont les charges auxquelles je devrai faire face (pour moi, ma famille : ascendants, descendants, etc.) ? Ai-je besoin notamment de revenus complémentaires, si oui de combien ? Et qu’en est-il si mon état de santé ou celui de mon conjoint devait se détériorer ?

 

Après avoir chiffré ces éléments, il faudra donc affecter les moyens existants et à venir sur des véhicules d’investissement et d’épargne adaptés. N’oublions pas que quelles que soient les solutions choisies, la part du patrimoine qui n’aura pas été « consommée » durant la vie sera transmise.


Par ailleurs, plus l’âge avance et plus le choix s’amenuise : de nombreuses solutions comportent des durées de détention minimum conseillée pour avoir un sens économique et pouvoir subir d’éventuels aléas temporaires des marchés sans porter à conséquences sur la durée.

 

Prenons quelques exemples :

 

Entre 65 ans et 75 ans, l’espérance de vie d’un homme se situe entre 12 et 19 ans, alors qu’elle passe de 6 à 12 ans entre 75 et 85 ans, et de 2 à 4 ans entre 90 et 95 ans.


La durée moyenne conseillée est généralement de 8 ans pour des placements tels que l’assurance-vie, de 10 à 12 ans pour des placements de titres non cotés, et entre 12 et 15 ans minimum pour de l’immobilier en direct ou en SCPI.


Le raisonnement est identique si l’on souhaite organiser sa transmission. Pour profiter des abattements renouvelables tous les 15 ans, 100 000€ par enfant et par parent, et 31 865 € par petit-enfant, il faut commencer le plus tôt possible ; sans compter qu’à partir de 80 ans, il n’est plus possible de réaliser de dons familiaux de sommes d’argent à ses enfants et petits-enfants.


Quant à l’assurance vie, à partir de 70 ans, l’attrait successoral est limité à 30 500€ versés.

 

En vieillissant, non seulement l’espérance de vie diminue, mais le risque de vulnérabilité croît, pouvant limiter la capacité à gérer ses actifs (financiers ou fonciers). Si l’un des membres du couple vient à perdre ses capacités cognitives, il n’aura plus la capacité d’exercer librement certains actes (vente, achat, donation, placement de sommes d’argent de montants significatifs, modification des clauses bénéficiaires des contrats d’assurance vie, etc.).

 

Que faut-il faire ?

 

Entre 65 et 70 ans, il est important de finaliser la transmission de ses biens (donations, testaments, etc.), d’avoir réalisé les investissements immobiliers souhaités afin de pouvoir profiter pleinement des dispositifs fiscaux adaptés (déficit foncier, PINEL, Malraux etc…) et enfin d’avoir maximisé l’attrait fiscal des contrats d’assurance vie au titre du 990 I permettant à chacun des bénéficiaires désignés de profiter notamment d’un abattement de 152 500€ sur le capital décès perçu.

 

Avant 85 ans, il est judicieux d’avoir revu les clauses bénéficiaires de ses contrats d’assurance vie. Le conjoint est souvent désigné bénéficiaire des capitaux décès alors qu’il n’en aura pas toujours besoin ; il devra alors les replacer, et ayant plus de 70 ans, les enfants ou petits-enfants (ou autres bénéficiaires désignés) seront privés notamment de l’abattement de 152 500€ évoqué précédemment. Pour éviter cet écueil, il est important d’évaluer régulièrement les besoins du couple notamment en cas de perte d’autonomie afin de conserver des liquidités suffisantes et de réaménager, si nécessaire, la clause bénéficiaire pour faire profiter les enfants, petits-enfants, frères et sœurs… des sommes excédentaires.


Le conjoint ou partenaire de PACS pourra toujours renoncer au bénéfice du contrat, mais en cas de difficultés cognitives avérées, cette possibilité ne lui sera pas donnée.

 

Pour toutes ces raisons, il est important d’anticiper et de prendre toutes les bonnes décisions quant à l’orientation de son patrimoine le plus tôt possible.


Une tribune de Valérie Bentz, Responsable des études patrimoniales à l'UFF publiée dans Mieux Vivre Votre Argent, le 13 juin 2023. Cliquez ici pour lire l'article.


Valérie Bentz
Responsable du Département des Etudes Patrimoniales

Valérie Bentz débute sa carrière comme Inspecteur général chez Allianz France en charge des pôles patrimoniaux. Elle intègre la direction de la distribution d'Axa en 2008 pour y développer le métier de conseiller en gestion de patrimoine. En 2011, Valérie Bentz rejoint l'UFF en tant que Directeur d'agence en région Ile-de-France Nord. Depuis 2017, elle est Responsable du département des études patrimoniales.